Une gazelle vous livre sa recette de thé traditionnel marocain

« Il faut se garder un thé vert pour la soif »

Il est presque 17 heures, quand les gazelles rentrent au bivouac. Chaque fin de journée est marquée par une convivialité comme une promesse de réconfort et de douceur. Le rituel commence aux  panneaux éventés du bivouac, ponctué de gourmandises servies dès la tombée du soleil, dans une atmosphère où se mêlent imperceptiblement agitation et excitation. La magie débute quand les derniers rayons de soleil viennent se fondre dans les dunes qui entourent les tentes. Le bal s’ouvre avec l’incontournable et mythique thé vert à la menthe, mousseux, qui sent divinement bon, servi dans un salon en plein air. Un rituel qui ancre, au point de se dire que l’on repartirait bien du Maroc, avec dans ses valises, une théière achetée au souk de Marrakech, et se promettre d’en reprendre, plus tard,  des gorgées de ce thé pour continuer ainsi son ascension hédonique.

Avant de vous partager la recette de ce breuvage, je vous dévoile 10 informations sur cette boisson pleine de symboles, qui est, à lui seul, une invitation au voyage :

  1. Il ne doit pas se refuser. Ce « way of life » marocain est gage d’hospitalité, il est proposé pour accueillir et souhaiter la bienvenue à une personne qui rentre dans un endroit, invité ou de passage. Au-delà d’une tradition ancestrale chargée d’histoires, il est une institution, un art de vivre qui rassemble.
  2. C’est une affaire d’hommes. De manière emblématique, c’est souvent le chef de famille, qui prépare méthodiquement le breuvage. D’ailleurs, on raconte, selon la légende, près de 3 000 ans avant notre ère, que l’empereur Shen Nung faisait bouillir de l’eau pour se désaltérer. Le vent agita les branches de l’arbuste près duquel il se tenait. Quelques feuilles de ce théier sauvage s’envolèrent, trouvant refuge dans le récipient, donnant, ainsi, naissance au thé vert.
  3. C’est la deuxième boisson la plus consommée au monde. Pas étonnant quand on voit la convivialité et le partage qui y sont associés. Le cérémonial de cette boisson nationale en met à l’aise plus d’un.
  4. Il a voyagé depuis sa naissance, partant de Chine, traversant la route de la soie, pour venir populariser sa mousse amicale à Essaouira. Dans certains écrits, il est expliqué, en effet, que le thé aurait fait son entrée au Maroc en 1854, durant la guerre de Crimée. En raison du blocus de la Baltique, les négociants britanniques cherchent de nouveaux marchés pour écouler leur marchandise. Ils se tournent vers les ports de Tanger et de Mogador (ancienne Essaouira). C’est alors que le thé, la menthe verte, le sucre et les théières constituent un socle important de richesses pour les marchands.
  5. Au-delà de désaltérer et d’étancher sa soif, il a des vertus énergisantes et stimulantes. Le pouvoir antioxydant des extraits de thé vert est quatre fois supérieur à celui de la vitamine C. Grâce à ses composés, le thé est considéré comme la boisson à la plus forte activité antioxydante.
  6. En fonction des régions, des pays, sa composition peut varier : avec plus ou moins de sucre, des pignons de pins, de la sauge, de la verveine, de la marjolaine, du miel, de la cannelle, de l’eau de rose, de l’eau de fleur d’oranger, des graines d’anis, du safran, avec une feuille de menthe dans le verre (comme en Tunisie)… Il est généralement plus corsé dans les régions désertiques où il remplace le café. Les berbères quant à eux font un thé très parfumé au goût fort en ajoutant un mélange de plantes aromatiques endémiques des montagnes berbères à leur préparation.
  7. La menthe attenue l’amertume du thé sans en modifier le gout, ni la couleur.
  8. On le sert 3 fois, car les feuilles sont laissées infuser, pour permettre de changer le goût à chaque service : léger, équilibré, amer. « Le premier verre est aussi doux que la vie. Le deuxième est aussi fort que l’amour. Le troisième est aussi amer que la mort. » dit un proverbe touareg sur le thé.
  9. Le thé est servi de très haut afin de le faire mousser à la surface signe de la réussite de la préparation. Le service en hauteur permet aussi d’aérer le thé et d’en exalter encore davantage les saveurs et distiller son parfum. Tout est dans l’oxygénation du breuvage afin de donner plus de goût à l’infusion mais aussi de la rendre plus digeste. Pour cela, avant de le servir, on mélange le thé à la menthe fraîche, au sucre et à l’eau et on remplit ensuite un verre que l’on transvase dans la théière à plusieurs reprises. Plus qu’une recette, c’est tout un art.
  10. Jamais esseulé, il s’accompagne toujours, avec idylle, de douceurs du Maghreb tel que des fruits secs (datte, abricot, figue, amande, pistache…) ou des pâtisseries orientales (loukoums, zlabia, baklava, chebakiya, makroud, cornes de gazelle…)

La recette du thé à la menthe

Découvrez la recette simple, pour préparer un délicieux thé à la menthe selon la tradition marocaine.
Il s’agit de la recette permettant de servir 5 à 6 verres de thé vert à la menthe.

Ingrédients

  • 10 à 12 g de thé vert,
  • de l’eau,
  • quelques branches de menthe fraîche,
  • quelques morceaux de sucre (selon votre goût),

Préparation

  1. Mettez 2 cuillères à soupe de thé vert dans la théière (soit 10 à 12 g).
    Pour rincer, versez environ 1/2 verre d’eau bouillante sur le thé.
  2. Laissez reposer pendant environ 1 min.
  3. Remuez la théière en dérivant de légers mouvements circulaires puis jeter l’eau. Ajoutez environ 50 cl d’eau bouillante dans la théière.
  4. Placez des feuilles de menthe fraîche dans la théière. Ajoutez le sucre en morceaux, selon votre goût.
  5. Laissez infuser pendant 2 à 3 min. Dégustez, c’est prêt !
    Versez dans des verres à thés en décrivant des mouvements de haut en bas pour oxygéner la boisson (mousse) et libérez les arômes.

Hajer MARZOUGUI, créatrice de résilience

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